Universités camerounaises : Le presqu’impossible changement que veulent les étudiants

Article : Universités camerounaises : Le presqu’impossible changement que veulent les étudiants
Crédit: Univ. Dschang
22 juillet 2021

Universités camerounaises : Le presqu’impossible changement que veulent les étudiants

En juin dans la plupart des universités du Cameroun, c’est pratiquement la fin du second semestre. Certaines de ces universités ont mêmes déjà publiées les résultats de fin de semestre et/ou d’année. C’est en ce moment précis que les étudiants n’ayant pas validé toutes les matières font leurs examens de rattrapages. C’est aussi le moment où les étudiants véreux élaborent leurs stratagèmes, pour obtenir des notes, au gré des moyens dont eux seuls ont la maitrise.

À l’origine de leur échec

Cela peut se résumer en une phrase simple :  si le travail mène à la réussite, alors le contraire du travail mène au contraire de la réussite. Ceci dit, les étudiants sont en grande majorité eux-mêmes à la base de leur échec.

Je n’ai pas le temps de réviser

Dans les amphis ou dans les salles de cours, il est très courant d’entendre des étudiants édictant des séries de mesures qui devraient être prises pour changer notre quotidien. Pourtant si vous demandez à un de ces étudiants de vous faire un bref rappel du cours qu’il a lu la veille, ça sera un calme de cimetière. N’essayez surtout pas de lui demander quel est le dernier livre qu’il a lu. C’est dire que les étudiant n’étudient plus. Nos vies d’étudiants consistent simplement à venir en classe, copier des cours et rentrer les jeter sous nos lauriers.

Ainsi, il n’est pas étonnant qu’un enseignant entre dans une salle de classe, pose la question de savoir ce qu’ils ont vu à la dernière séance et qu’aucun étudiant ne daigne lever le petit doigt pour répondre.

Le devoir là ne me concerne pas, faites on va gérer

Il est tout aussi alarmant d’observer que nombres d’étudiants ont la peine à faire leurs devoirs. Ici, les cas sont légions : soit on ne le fait pas du tout, soit on bricole quelque chose le matin, du jour même où on doit remettre ledit devoir, soit encore on procède à la fameuse formule du Ctrl+A, Ctrl+C, Ctrl+V. Entendez par ce dernier sélectionner, copier et coller, soit un article à partir de Google ou encore à partir du travail d’un autre camarade.

Pire encore lorsqu’il s’agit d’un devoir de groupe. Certains étudiant ne feront rien du travail demandé. Ils laisseront tout simplement le reste du groupe s’en occuper, sous le faramineux prétexte qu’ils pairons les frais d’impression.

Voilà autant de faits qui font à ce qu’à la fin du semestre, il devient difficile voire impossible pour certains, de valider facilement toutes leurs matières.

Résultats des courses

Étant donné qu’il faut aller en classe supérieure, et que pour cela il faut bien avoir la moyenne, des mécanismes aussi rocambolesques les uns que les autres se mettent donc en place.

Les « NSA »

C’est le sigle formé à partir de l’expression « notes sexuellement acquises ». Cela consiste à utiliser de ses atouts physiques pour obtenir une note passable. Cela demande du courage, c’est le moins que l’on puisse dire. Il faut quand même avoir de l’audace, un tempérament assez rude et avoir perdu le sens de la dignité pour se livrer ainsi pour une note. Une vulgaire note que l’on peut obtenir dignement en faisant ce pour quoi on a décidé d’aller à l’école : étudier !

 Les « BAP »

C’est une autre expression qui elle, renvoie à « boutique à point ». Ce qui désigne le fait pour certains étudiants de soudoyer des enseignants et autres personnels pour obtenir une moyenne acceptable. Il n’est pas rare de constater de tels scandales dans les universités. C’est aussi devenu un moyen de chantage pour les étudiants qui vont souvent jusqu’à enregistrer les transactions qu’ils effectuent avec leurs enseignants. Il existe même dans certaines institutions universitaires des réseaux mafieux de trafic des notes minutieusement entretenu par les étudiants, avec pour d’aucuns le soutient de leurs parents.

De telle pratiques sont déplorables. Hélas ! Elles transforment l’Université, creuset du savoir, en une sorte de marché noir dans lequel les valeurs académiques, jadis nobles, n’ont plus droit de cité.

En définitive, que retenir ?

Au Cameroun, tout le monde veut le changement. Tout le monde parle de changement. Mais la réelle question qu’il faut se poser est celle de savoir ce que nous faisons pour l’obtenir. Mieux, notre manière de se comporter rime-t-elle à ce que l’on parvienne à ce fameux changement ?

Le changement, tout le monde le veut. Mais le changement ne pourra pas se faire avec la tricherie. Les jeunes d’aujourd’hui sont les futurs cadres de demain, il faut bien qu’on se le disent. Mais que serait un pays gouverné par des personnes dépourvues de compétences ? Comment pourrons-nous assurer une croissance économique alors que les futurs cadres d’entreprises se livrent à la facilité au lieu d’étudier ?

Il est encore temps de se reprendre en main. De se remettre au travail afin d’assurer la relève de demain. Il est temps de prendre conscience qu’en tant qu’étudiant, la quête du savoir et de la compétence doit primer sur la recherche du diplôme. Seule la qualification dans nos différents domaines de spécialité nous permettra de nous incruster facilement dans le monde professionnel. Nous sommes le Cameroun de demain. Ça a tout l’air d’un slogan, mais c’est la pure réalité. Le Cameroun de demain, c’est nous. Prenons-en conscience !

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Commentaires

EJAFF LUKONG TRESSIN
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Les façons de penser doivent d'abord changer. Tout part de l'intérieur.

Beaucoup de camerounais veulent le changement..mais oubliant que pour obtenir le changement il faut d'abord être le changement qui commence dans l'intimité la plus profonde et dans la pratique des combats.

On ne peut pas donner ce qu'on a pas

EJAFF LUKONG TRESSIN
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je trouve votre texte très édifiant. De nos jours la détermination et l'abnégation n'y sont plus chez la plus part des jeunes. Nombreux veulent le changement, mais très peu s'y mettent vraiment

Loïc Edge
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Merci très cher pour le retour. A nous revoir très bientôt sur le blog. Cordialement